top of page

Le choix de circuits courts face à la crise du lait : le distributeur de lait de cru à Chalon-sur-Sa

Aller chercher son lait frais à la ferme le matin est une pratique tombée en désuétude aujourd’hui, et ce malgré le nouvel engouement pour les circuits courts. A Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), il est pourtant possible d’aller acheter sa bouteille de lait cru… en centre-ville. Cela fait maintenant cinq ans que Fabien et Bruno Boireau, de la GAEC Agrilux (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun) ont lancé leur projet de distributeur automatique de lait cru, installé Place de Gaulle à Chalon-sur-Saône.

[if gte vml 1]><v:shapetype id="_x0000_t75" coordsize="21600,21600" o:spt="75" o:preferrelative="t" path="m@4@5l@4@11@9@11@9@5xe" filled="f" stroked="f"> <v:stroke joinstyle="miter"></v:stroke> <v:formulas> <v:f eqn="if lineDrawn pixelLineWidth 0"></v:f> <v:f eqn="sum @0 1 0"></v:f> <v:f eqn="sum 0 0 @1"></v:f> <v:f eqn="prod @2 1 2"></v:f> <v:f eqn="prod @3 21600 pixelWidth"></v:f> <v:f eqn="prod @3 21600 pixelHeight"></v:f> <v:f eqn="sum @0 0 1"></v:f> <v:f eqn="prod @6 1 2"></v:f> <v:f eqn="prod @7 21600 pixelWidth"></v:f> <v:f eqn="sum @8 21600 0"></v:f> <v:f eqn="prod @7 21600 pixelHeight"></v:f> <v:f eqn="sum @10 21600 0"></v:f> </v:formulas> <v:path o:extrusionok="f" gradientshapeok="t" o:connecttype="rect"></v:path> <o:lock v:ext="edit" aspectratio="t"></o:lock> </v:shapetype><v:shape id="Image_x0020_2" o:spid="_x0000_i1025" type="#_x0000_t75" alt="P1010728" style='width:493.2pt;height:369.6pt;visibility:visible; mso-wrap-style:square'> <v:imagedata src="file:///C:\Users\Emilie\AppData\Local\Temp\msohtmlclip1\01\clip_image001.png" o:title="P1010728"></v:imagedata> </v:shape><![endif][if !vml][endif]



UNE INITIATIVE LOCALE POUR RENOUER AVEC LES CIRCUITS COURTS


Je rejoins Fabien Boireau à Lux, dans sa ferme où grâce à ses 60 vaches, il produit le lait qui sera vendu place de Gaulle. Ce matin-là il est 9h30, mais Fabien est déjà allé remplir la cuve du distributeur avec le lait de la traite de la veille, comme tous les jours. Il a baissé le prix à 50 centimes le litre à l’occasion du Ramadan, mais le lait est habituellement vendu à 1€/L. Fabien justifie ce prix, supérieur à celui en supermarché (en moyenne 60c le litre) par la qualité du lait. Il ne reçoit en effet aucun traitement avant de partir au distributeur contrairement au lait vendu en supermarché. Le lait est simplement refroidi et conservé dans une chambre froide dans le distributeur. C’est donc du vrai lait de ferme qu’on peut y acheter, mais il ne plaît pas à tous.


Le distributeur automatique a un succès relatif. Fabien est conscient que seule une frange de la population l’utilise régulièrement. Il attribue cela à une faible culture du lait dans la région. « Des initiatives comme celles-là, il en existe beaucoup en Savoie et Haute-Savoie et ça a beaucoup plus de succès. Les gens sont plus habitués à boire du lait » explique-t-il. C’est en baissant les prix qu’il arrive à relancer les ventes, comme il le fait en ce moment. « Finalement, pour le consommateur, c’est d’abord le prix qui compte plutôt que la qualité » regrette-il.


Nous nous rendons sur place pour voir la bête. Discret, le distributeur se fond dans le décor mais attire encore l’œil des automobilistes et des passants, surtout lorsque la machine émet le son d’un meuglement de vache quand les bouteilles – également vendues sur place – se remplissent. Ce matin, quelques clients sont là : des habitués qui amènent leur propre bouteille, des curieux qui interrogent : « est-ce qu’il faut le faire bouillir avant de le boire ? » Les enfants ouvrent de grands yeux étonnés. « Certains croyaient qu’il y avait une vache dans le distributeur ! » rit Fabien. Devant le distributeur, les langues se délient. Les clients se rappellent leur enfance, leurs parents qui allaient chercher le lait à la ferme. « Maintenant, quand mon petit-fils vient me voir, il veut toujours venir chercher du lait ici ! » rajoute une passante.


D’une certaine manière, le distributeur permet à Fabien de retrouver le contact avec les clients. « C’est vraiment valorisant pour ça. Avant, on n’avait seulement Danone qui passait tous les deux jours chercher le lait… » Certes, Fabien n’est pas tout le temps présent à Chalon, mais il y vient régulièrement, notamment quand les clients l’appellent lorsqu’ils n’arrivent pas à faire fonctionner la machine ou lorsqu’elle tombe en panne. Il faut alors être disponible, jongler entre le travail à la ferme et le distributeur qui fonctionne tous les jours de la semaine, 24h/24 et qu’il faut remplir tous les matins ; ce n’est possible que parce qu’ils sont plusieurs à la ferme.



LA VENTE DIRECTE, UN « PLUS » DANS « UN MONDE FAIT POUR LES INDUSTRIELS ».


Pour l’exploitation familiale de Lux, le distributeur automatique est seulement un « plus ». Il n’a pas eu le succès escompté et le remboursement de la machine, qui a coûté près de 40 000€, n’est pas terminé. Le projet, soutenu par la ville de Chalon et par l’Union Européenne (via le fonds européen agricole pour le développement rural), a mis un an à se mettre en place. Les demandes de subventions et le processus d’homologation n’ont pas été aisés. Aujourd’hui, c’est Fabien qui s’occupe lui-même de la maintenance de la machine. En temps comme en argent, le distributeur lui coûte presque autant qu’il ne rapporte, mais il n’est pas prêt d’y renoncer.


Sur une journée, environ 100L sont donc destinés au distributeur de Chalon. Quant aux 800L restant qui sont produits, ils sont achetés à 30 centimes le litre par Danone. La ferme vend aussi des céréales. Avec ce système, elle arrive tant bien que mal à s’en sortir. Fabien est lucide et se rend compte qu’il est de plus en plus difficile pour une exploitation familiale de trouver sa place aujourd’hui. « Tout est fait pour les industriels » assène-t-il. Les subventions de la PAC dont il bénéficiait pour ses céréales vont être ajustées. Il estime qu’il perdra 10 000€ de subventions dans les 15, 20 ans à venir. Pour conserver le même prix d’achat de son lait, il devra aussi bientôt commencer à diminuer sa production. « C’est la loi de l’offre et la demande. C’est un monde terrible » conclue-t-il.


Dans ce contexte, se regrouper entre agriculteurs est devenu essentiel. « Des exploitations familiales, on en trouve de moins en moins. Par contre il y en pas mal maintenant, des fermes à 500 vaches » m’assure-t-il. Sinon, il faut trouver des niches comme les labels AOP (Appellation d’Origine Contrôlée). Désabusé, il ne croit en revanche pas au bio. « Pour moi, c’est un extrême. Je crois qu’on peut s’en sortir en faisant les choses correctement ». Il produit lui-même le fourrage pour ses vaches, et quand l’une d’entre elles est malade et qu’il lui donne des antibiotiques, il est de toute façon obligé de jeter le lait. Plus que tout, il refuse de tomber dans le productivisme.


Pour contacter le GAEC de Lux : gaec-agrilux@orange.fr

bottom of page