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Au Costa Rica, à la CurriHuerta, l’agriculture urbaine est un outil de transition personnelle et col

  • Pauline
  • 8 mai 2017
  • 5 min de lecture

Durant mon année passée au Costa Rica, j’ai eu envie d’être volontaire dans un jardin partagé. C’est lors d’une visite aux différents jardins partagés de San José (ou huertas en espagnol) que j’ai découvert la CurriHuerta, ainsi que deux de ses fondateurs, Max et Fernando. J’ai alors pris l’habitude d’y venir les jeudi matins pour les aider.



La Curri Huerta


Dans un lotissement de classe privilégiée du canton de Curridabat, se trouve la CurriHuerta (huerta signifie jardin en espagnol). Lorsqu’on passe devant le jardin partagé, on est surpris par ce terrain ouvert sur la rue, qui contraste avec les portails et les grilles qui barricadent chaque maison, comme on le voit typiquement à San José. De plus, le jardin est luxuriant, avec des plantes grimpantes le long de structures construites en bois, du kale atteignant presque un mètre …



Histoire du projet


Max, Fernando ont lancé l’an dernier, avec un autre ami, l’initiative de créer un jardin partagé : La Curri Huerta. C’est une des voisines du quartier qui leur a donné l’autorisation de s’implanter sur un terrain qu’elle possède à côté de sa maison. Toutefois, elle leur a précisé que sa fille allait, dans quelques années, construire sa maison sur cet emplacement. Les trois amis ont accepté cette solution sachant qu’il est difficile de trouver des espaces publics libres à San José et dans ses alentours.


« Nous avons commencé ce projet, tout d’abord pour nous […] Aujourd’hui nous le faisons pour vous»


Max et Fernando n’étaient pas destinés à se retrouver la pelle à la main, vantant les mérites du compost et l’importance de la permaculture. Max a étudié la communication et Fernando le tourisme durable. C’est en prenant progressivement conscience des problématiques sociales et environnementales et de la responsabilité de chacun de s’engager pour être acteur de la transition vers un monde plus durable, qu’ils ont décidé de se lancer dans une initiative concrète. « Avoir des amis avec lesquels monter ce projet a été une grande force » m’explique Max, « cela nous a permis d’y croire ensemble, de partager des bons moments et de faire jouer nos complémentarités ». Ils se sont mis à lire énormément, même si selon Max, « l’apprentissage a surtout été empirique » et ils sont allés se former à la permaculture dans des fermes au Costa Rica. Un jour, Fernando me raconte : « Nous avons commencé ce projet, tout d’abord pour nous ; pour apprendre à cultiver nos légumes pour notre propre consommation et pour ne pas dépendre de grandes industries et d’un modèle d’agriculture qui ne nous convient pas. Aujourd’hui nous le faisons pour vous, pour les volontaires qui viennent aider et apprendre, on le fait dans un but pédagogique ». De la démarche personnelle, ils sont alors passés à une démarche collective, en cherchant à créer un impact plus global. Par ailleurs, en dehors du jardin partagé qu’ils ont créé, Max et Fernando cherchent à partager leur expérience et leurs connaissances sur la permaculture et la gestion de projet. Ainsi, j’ai croisé Max qui donnait une conférence-atelier sur les jardins partagés lors du Festival Envision*.



Il n’y a pas de transition collective sans transition personnelle


Un jour, alors que nous étions, avec d’autres volontaires, en train de prendre soin des plantes de kale du jardin, Fernando nous confie : « ce n’est pas moi qui vais vous apprendre l’agriculture, vous l’avez tous en vous, car cultiver est essentiel à l’homme, vous êtes votre propre maître, il suffit d’observer et tout vient instinctivement ». Il continue en nous disant que selon lui, il s’agit de « réveiller ce qu’on a tous au fond de nous ». La démarche est donc personnelle et deviendra collective si de plus en plus de gens sont inspirés à changer. Cela me rappelle le fameux « Sois le changement que tu veux voir dans le monde » de Gandhi et je pense à une citation de Pierre Rabhi qui m’a marqué : « Tout changement implique le changement de soi, car s’il ne change pas lui même, l’être humain ne pourra changer durablement le monde dont il est le responsable ». Pierre Rabhi.


Quel impact sur la communauté et le lien social ?


Max et ses amis ont essayé de faire du jardin partagé un lieu de lien social entre les personnes du quartier. “Nous avons su qu’il était très important d’inclure les voisins, de les inviter à venir aider, et d’organiser des petits événements. Par exemple, nous avons organisé des soirées autour du feu, des projection de films, des visites commentées, entre autres”. Max m’explique : « La stratégie, c’est d’inviter les gens à une activité où ils savent qu’ils vont apprendre quelque chose, les gens aiment savoir qu’ils vont tirer quelque chose de ce moment passé avec nous ». Il ajoute : « Il est également important de faire en sorte que les plus motivés,les leaders, restent, pour qu’ils donnent envie aux autres de participer. Et pour cela il faut les inclure dans les décisions du jardin».



Ainsi Max me raconte que de nombreux volontaires sont passés par le jardin et qu’il y a eu énormément de participation, surtout au début. “Des voisins sont venus nous prêter du materiel, nous donner des livres sur la permaculture ou nous aider à donner des coups de pelle” se souvient Max. Il continue : “Mais maintenant qu’est passé l’attrait pour la nouveauté, il ne restent que les plus motivés, et bien sur des nouvelles personnes de passage. Il faut être lucide, les gens ont d’autres préoccupations en général». Aujourd’hui, la participation des voisins se résume à amener leur compost au jardin, et Max déplore qu’ils commettent de nombreuses erreurs comme y mettre des noix de coco par exemple.


Il faut aussi prendre en compte le contexte du quartier de la CurriHuerta. Les voisins ont tendance à être assez individualistes. Ils ont une bonne situation économique en général, ne voient pas la nécessité de s’appuyer sur un réseau de voisins et ont pris l’habitude de vivre sans les connaître.


On ne peut donc pas parler d’un impact global sur la communauté du quartier. Toutefois, j’ai vu passer de nombreux volontaires, aux profils très variés et aider à la CurriHuerta leur a permis d’évoluer au niveau personnel. Parmi eux, un garçon qui a étudié l’ingénierie environnementale mais s’est rendu compte qu’il apprenait surtout à défendre un modèle qui ne coïncidait pas avec son éthique environnementale, il cherche donc à s’engager en parallèle des cours pour voir comment il peut avoir un impact positif sur la planète. Un autre, est cuisinier et veut en savoir plus sur l’agroécologie car cela lui paraît passionnant, même si pour le moment, il n’a pas de projet en tête. Une jeune fille qui est couturière est là pour en apprendre plus sur la permaculture car elle cultive déjà sur une petite parcelle près de chez elle.


*Envision Festival : ce festival a lieu tous les ans sur la côte pacifique du Costa Rica. C’est un festival « transformationnel » : en plus des concerts, ce que cherche les personnes qui s’y rendent, c’est vivre un expérience humaine unique qui transforme leur vision du monde et des rapports aux autres. A l’Envision, cela passe par de nombreuses conférences pour réfléchir à un monde plus durable, la pratique du yoga, de la méditation … http://envisionfestival.com/


*Si vous voulez connaître l’autre initiative de jardin partagé lancée par Max et Fernando :

–D’une décharge public à un jardin partagé, La Lia risque de devenir un parking (1/2)


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